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Chère Père Angelo,

Je vous écris pour vous poser une question qui me pousse à vivre détruit par la culpabilité. 

Nous sommes des instruments entre les mains de Dieu mais je me sens comme un instrument très pauvre qui échoue souvent dans l’amour. En effet, Dieu m’envoie dans le monde, Il m’envoie vers les frères qui souffrent, les pauvres, les personnes que je connais qui souffrent d’un mal physique, le mal spirituel et le mal de la solitude. J’y vais, je réponds mais ensuite je me rends compte que j’aurais pu donner plus, dépenser plus.

Ce matin, par exemple, un ancien collègue est décédé. Il y a deux ans, il a eu une attaque qui l’a conduit à avoir la moitié du corps paralysée. Je suis resté à côté: je suis allé le voir à l’hôpital, à la maison de retraite et enfin chez lui. Et quand je n’y allais pas, on se parlait au téléphone. Il a été une personne très seule à cause de son caractère due, malheureusement il a éloigné tout le monde, même sa famille. La solitude l’a poussé à partir pour l’Afrique pour trois mois où il avait eu la malaria sous forme légère parce qu’il avait été vacciné, mais qu’il l’avait affaibli encore plus. Il avait été un autre mois d’hôpital, et quand il est rentré il n’a plus été le même.

De plus en plus faible, il perdait souvent l’équilibre et tombait. Jusqu’à ce matin, qu’il a été trouvé par l’infirmière au sol dans les toilettes, sans vie. J’ai eu le temps de le voir pour la dernière fois il y a deux jours, quand pour la première fois, il s’est montré nu: dépouillé de toutes ses armes, abandonné par la vie avec les larmes qui lui mouillaient le visage. J’ai réussi à l’embrasser ( c’était une chose qu’il ne se faisait jamais faire), j’ai réussi à le bénir en lui faisant un signe de croix sur le front. J’ai réussi à rester encore un peu avec lui qui désirait manger, et moi dehors. Il était très désolé que son corps ce matin-là ne lui avait pas permis de se lever. Je lui ai donc promis que la fois suivante on aurait mangé chez lui et que j’apporterais du poisson déjà cuisiné. Il s’est illuminé et il a été heureux. Puis, il m’a demandé de l’aider à trouver une maison au rez-de-chaussé parce qu’avec le landau il avait des difficultés à vivre chez lui, au sixième étage avec l’ascenseur. Ainsi, je lui ai dit que je cherchais quelque chose, que je m’en occuperais. Et ce matin m’arrive la nouvelle que c’est lui qui a trouvé la maison, la plus belle: le ciel.

Il était seul et à chaque fois qu’il m’appelait pour me dire si j’allais le voir, il me cherchait aussi pour me demander comment j’allais, et j’étais là… Mais combien de fois ai-je été absent? Combien de fois aurais-je été plus présent? Peut-être qu’il ne serait pas parti pour l’Afrique… Peut-être qu’il n’aurait pas souffert de cette solitude…

Après la dernière rencontre, j’avais offert mes prières à la Divine Miséricorde parce que j’avais vu que son état était très aggravé. Alors, pourquoi le déjeuner à passer ensemble pour manger du poisson, je ne l’ai pas fait hier que j’était à la maison? Pourquoi je faisais passer les jours pour l’appeler et lui demander comment il allait, plutôt que lui téléphoner tout le temps, tous les jours? 

Je fais ça avec tout le monde… Je veux aider tout le monde mais je pense que ça n’aide pas un seul. Je veux donner de l’amour mais en conclusion je ne donne rien parce que je ne me consume pas pour les autres. 

Qu’en pensez-vous? Comment puis-je m’améliorer? Comment puis-je être là sans négliger ma femme et ma famille d’origine et penser aussi à ma vie? 

Merci et Dieu vous bénisse.


Réponse du prêtre

Mon très cher,

Je suis désolé de te répondre si tard, mais je n’ai reçu ton e-mail qu’aujourd’hui.

1. Lorsqu’une personne qui nous était proche meurt, qui était dans le besoin et à laquelle on s’était attaché, on ressent un sentiment de culpabilité. On se dit, tout de suite, à soi-même: j’aurais pu faire plus.

2. C’est sans doute aussi le regret que nous aurons à la fin de notre existence. L’écrivain français G. Bernanos avait dit qu’à la fin de notre vie nous n’aurons que le regret de ne pas avoir été plus saints. Qu’en autre termes revient à dire que nous n’aurons que le regret de ne pas avoir aimé davantage.

3. Si en plus, on prend en considération les mots que l’Éternel Père a dit à Sainte Catherine de Sienne, c’est-à-dire que la sainteté consiste dans la charité et que la moelle de la charité est la patiente, nous pouvons, ainsi, paraphraser l’expression de Bernanos: nous n’aurons que le regret de ne pas avoir aimé encore plus, de ne pas avoir été un peu plus patients.

Car nous nous rendons compte qu’en tant d’action que nous avons accomplies, il ne suffisait qu’un peu pour qu’elles réussissent mieux et qu’elles soient agréables au Seigneur.

4. En définitive, je dois dire que tu as fait beaucoup pour cet ami. Au fond, il n’y avait que toi qui s’inquiétait pour lui et le rendait moins triste.

5. En outre, il faut ajouter qu’il y a des devoirs précis pour notre plus proche. Et notre prochain est celui  que nous avons à la maison. La première charité doit être faite ici. C’est un devoir, pas une option. La Sainte Écriture dit: «si quelqu’un ne prend pas soin de sa parenté et surtout des membres de sa propre famille, il trahit sa foi, il est pire qu’un incroyant» (1 Timothée 5,8). Et Saint Thomas conclut: «Donc, nous devons aimer nos proches de charité, plus que les meilleurs» (Somme Théologique II-II, Question 26, article 7, sed contra).

6. Tout cela permet de rappeler que parmi les plus grands grâces que nous devons demander au Seigneur il y a celle de pouvoir L’aimer toujours plus. L’amour pour Dieu n’est pas un vide sentiment mais se concrétise en aimant le prochain. Effectivement, l’amour pour Dieu c’est  manifester tout le possible dans un amour de plus en plus profond vers le prochain afin qu’il ait tout le bien pour arriver à en posséder de plus grand, pour la vie présente et pour la vie future, qui est Dieu lui-même.

Merci pour ce que tu as écrit.

Je te rappelle au Seigneur et je te bénis.

Père Angelo