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Question
Cher Père Angelo,
j’ai lu le chapitre IX de la lettre aux Romains et il semble qu’ils confirment la doctrine de la prédestination et de la grâce irrésistible de matrice calviniste. En particulier quand Paul dit : « Il ne s’agit donc pas du vouloir ni de l’effort humain, mais de Dieu qui fait miséricorde. 17 En effet, l’Écriture dit au Pharaon Si je t’ai suscité, c’est pour montrer en toi ma puissance, et pour que mon nom soit proclamé sur toute la terre. 18 Dieu fait donc miséricorde à qui il veut et endurcit qui il veut » : il semblerait que Dieu décide qui sauver en lui faisant miséricorde et qui damner. En tant que catholique, j’ai toujours pensé que trois choses étaient nécessaires pour gagner le salut : 1) la grâce, car sans le sacrifice expiatoire sur la Croix, l’homme n’aurait pas été racheté 2) la foi, sauf si Dieu, par son jugement sans équivoque, a décidé de ne pas en faire don à l’individu 3) les œuvres, comprises comme une réponse d’amour à la grâce divine car c’est un véritable homme de foi, ce n’est pas celui qui dit « Seigneur, Seigneur ! » mais celui qui, sachant que Dieu existe, décide d’obéir à Sa volonté d’aimer comme le Christ aime. D’après la lecture du chapitre susmentionné, cependant, il semblerait que ce ne soit pas le cas, que pouvez-vous me dire à ce sujet ?
Réponse du prêtre
Très cher,
1. Il faut se rappeler que pour les protestants, la liberté de l’homme a été éteinte par le péché d’Adam.
Dans le Traité du Serf arbitre Luther dit que la volonté humaine est comme une bête de somme placée entre deux chevaliers : « Si Dieu la monte, elle va où Dieu veut. Lorsque Satan la monte, elle va là où Satan veut. Et elle n’est pas libre de choisir l’un ou l’autre de ces cavaliers » (M. Luther, Traité du serf arbitre, dans : Œuvres, Tome V, Éditions Labor et Fides, Genève, 1958, p. 56).
La foi salutaire et la justification dépendent entièrement du choix de Dieu, et n’ont rien à voir avec notre décision autonome.
Dans la Confession d’ Augsbourg (art. 18) et dans l’Apologie de la Confession d’ Augsbourg (art. 18), P. Melanchthon soutenait que si la justice civile est jusqu’à un certain point sous le contrôle de notre libre arbitre, la justice spirituelle ne peut être que l’effet de la grâce.
La Formule de Concorde déclare, en résumant la position luthérienne, que les « Saintes Écritures n’attribuent ni en tout ni en partie la conversion, la foi au Christ, la régénération, le renouveau, et tout ce qui appartient à leur commencement et à leur achèvement réels, aux pouvoirs humains du libre arbitre naturel, mais seulement et exclusivement à l’opération divine et au Saint-Esprit » (Solida Declaratio, 2,25).
2. En revanche, le Concile de Trente affirme que, si la foi est impossible sans assistance surnaturelle, la grâce n’en produit pas l’acte salvifique sans le libre consentement de ceux qui la reçoivent.
La liberté humaine, même si elle a été affaiblie par le péché d’Adam, n’est cependant pas éteinte, mais seulement atténuée et affaiblie (DS1521).
Il en reste encore assez pour que le croyant puisse suivre volontairement l’inclination de la grâce, « d’une part l’homme lui-même n’est pas totalement sans rien faire, lui qui accueille cette inspiration qu’il lui est possible de rejeter » (DS 1 525).
3. Le Concile avec deux citations scripturaires montre d’une part que la liberté est restée, et d’autre part que la justification naît de la grâce de Dieu : « Aussi, lorsqu’il est dit dans la sainte Écriture : « : Tournez-vous vers moi et moi je me tournerai vers vous », et je m’adresserai à vous (Za 1, 3), notre liberté nous est rappelée ; lorsque nous répondons : « Tourne-nous vers toi, Seigneur, et nous reviendrons » (Lm 5, 21), nous reconnaissons que la grâce de Dieu nous prévient. » (DS 1 525).
4. Vatican I a répété la doctrine du Concile de Trente qui voit dans la foi une soumission libre de l’homme à la grâce de Dieu, qui n’est pas irrésistible : « C’est pourquoi la foi en elle-même… est un don de Dieu, et l’acte de foi est une œuvre qui concerne le salut, par laquelle l’homme offre à Dieu lui-même sa libre obéissance, en acquiesçant et en coopérant à la grâce à laquelle il pouvait résister » (DS 3 010).
La liberté de l’acte de foi a été l’un des grands thèmes de Vatican
II. Dei Verbum décrit la foi comme « l’obéissance… par laquelle l’homme s’abandonne à Dieu tout librement… en consentant volontairement à la révélation qu’il a donnée » (DV 5).
Du reste, « c’est toujours librement que l’homme se tourne vers le bien. » (GS 17).
5. Il était nécessaire de faire cette prémisse, car les protestants lisent de manière matérielle ce passage de Romains 9, sans tenir compte des autres passages de l’Écriture Sainte où l’on parle de la liberté de l’homme.
6. Saint Thomas, en commentant Rm 9,16 écrit : « Il ne s’agit donc pas du vouloir ni de l’effort humain, mais de Dieu qui fait miséricorde » :
« L’action est toujours attribuée à l’agent principal, de préférence à l’agent secondaire.
Par exemple, nous ne disons pas que c’est la hache qui construit l’arche, mais l’artisan au moyen de la hache. C’est
pourquoi il a été dit. « Tous ceux qui sont guidés par l’Esprit de Dieu, ceux-là sont fils de Dieu » (Rm 8,14),
Et c’est pourquoi l’opération intérieure de l’homme ne doit pas être attribuée principalement à l’homme, mais à Dieu : « C’est Dieu qui opère en vous et le vouloir et le faire, selon sa bonne volonté » (Ph 2,13).
Il faut donc dire que Dieu meut toutes choses, mais diversement, à savoir en tant que chacune d’elle est mue selon le mode de sa nature.
Ainsi l’homme est mû par Dieu en vue de vouloir et de courir selon le mode d’une volonté libre. Donc vouloir et courir dépendent de l’homme en tant qu’agent libre, non cependant de l’homme comme moteur principal, car cela relève de Dieu ».
7. Au sujet de l’autre verset : « Ainsi donc, il fait miséricorde à qui il veut, et il endurcit qui il veut. » (Rm 9,18), voici ce que dit saint Thomas : « Si donc Dieu endurcit, il s’ensuit qu’il est l’auteur de la faute. En sens contraire il est dit dans l’épître de Jacques : 1,13 : Dieu ne tente point pour le mal. L’Apôtre ne dit pas que Dieu endurcit certains hommes directement, comme s’il causait en eux la malice, mais indirectement, c’est-à-dire en tant qu’à partir de ce que Dieu opère dans l’homme intérieurement ou extérieurement, celui-ci prend prétexte de pécher, et cela Dieu le permet».
8. Sur les trois choses auxquelles tu as toujours pensé en tant que catholique, je dois faire une remarque sur la seconde. Tu dis : « la foi, sauf si Dieu, par son jugement sans équivoque, a décidé de ne pas en faire don à l’individu ».
Non, Dieu la foi l’offre à tous, parce qu’il veut que tous soient sauvés. Il se contredirait
lui-même si, voulant que tous soient sauvés, il n’offrait pas les moyens de se sauver.
9. Vous conviendrez que c’est une absurdité de penser comme Luther l’a pensé, c’est-à-dire que la volonté humaine est comme une bête de somme placée entre deux chevaliers : « Si Dieu la monte, elle va où Dieu veut Lorsque Satan la monte, elle va là où Satan veut. Et il n’est pas en son pouvoir de choisir ou de chercher l’un des deux cavaliers ».
De cette façon, on finirait en enfer par pur arbitraire divin.
Je vous remercie pour la question, je vous souhaite tout bien et je me souviens de vous dans la prière et je vous bénis.
Père Angelo